Acte III
Scène VII
Briancourt et le marquis de Brinvilliers
Briancourt
- Je vous sais gré, Monsieur, de m’accorder audience.
Je subis, sachez-le une grande souffrance.
Je n’ai pu échapper à mon terrible sort.
Avoir eu à parler me comble de remords.
Le marquis
- Dire ce que l’on sait est une obligation.
On ne peut refuser de répondre aux questions
quand on et mis en cause. Je ne vous blâme pas.
Pour ma part , je me suis tenu loin des débats
en me persuadant que Me De Nivelle
arriverait à faire un miracle pour elle.
Briancourt
Il a failli y parvenir. Il eut fallu
m’écarter du prétoire, que je ne parle plus.
Je me sens responsable des atroces souffrances
qui de mon témoignage furent la conséquence.
La marquise mourut comme une grande dame,
sans nulle défaillance, sans verser une larme.
Une chose étonnante alors se produisit
La foule surexcitée et peu clémente vit
que se tenant près d’elle son confesseur pleurait.
Lors dans l’air circula un courant apaisant
Elle reçut la grâce avec le châtiment.
Le réputé théologien, l’abbé Pirot
ne pouvait, quant à lui, arrêter ses sanglots.
Il reste subjugué par cette pénitente
qui lui devint plus chère qu’une proche parente.
Il écrit l’expérience qu’il a vécu, fidèle
confesseur, chaque jour auprès d’elle
Le marquis
J’aurais donc des détails sur cette triste affaire
Dont on parle partout, parait-il à Paris.
J’ai appris que déjà circulent des écrits,
mais aussi des pamphlets, des dessins, des croquis.
On voudrait bien savoir que fera le marquis.
Je ne me tuerai point, en proie au déshonneur.
Je changerai le nom de mes enfants de peur
qu’ils attirent sur eux des regards regrettables.
Nous vivrons retirés sans nous sentir coupables.
en nous tenons surtout éloignés de la Cour.
Vous avez mon estime intacte, Briancourt.
Briancourt
- Je vous quitte apaisé mais nullement absout.
Le marquis
- Dans votre monastère priez aussi pour nous!
FIN