Acte II
Scène IV
Briancourt, Bazyle et la marquise
Briancourt
- Te voilà confondu misérable, tu pleures!
Tu vas payer ton crime, en répondre sur l’heure!
La marquise
- Qu’avez-vous Briancourt?
Briancourt
- Je vais vous étonner.
Ce fripon a pensé pouvoir m’empoisonner.
La marquise
- Vous vous trompez sans doute. En avez-vous la preuve?
Briancourt
- Certes ! et incontestable. Je l’ai mis à l’épreuve
De manger l’un des mets qu’il m’avait destinés.
Il s’y est refusé se montrant obstiné.
Bazyle
- Je ne vois pas pourquoi j’aurais dû me soumettre,
J’étais déjà repu! Vous n’êtes pas mon maître!
La marquise
- Pour éviter le doute, il fallait obéir,
Vous ne l’avez pas fait et je dois vous punir.
C’est un autre que vous qui servira à table.
Bazyle
D’empoisonner quiconque, je suis bien incapable
Briancourt
- C’est là votre sentence?
La marquise
- Que vouliez-vous de plus?
Briancourt
- Facile à deviner ce que j’aurais voulu!
La marquise
- Vos récriminations, mon cher ami , me lassent.
Je vous donne congé Bazyle, je vous chasse!
Bazyle ( part en bredouillant)
- Je crois que l’on dit vrai..
La marquise
- êtes-vous satisfait ?
Cela met une fin je pense à vos soucis?
Briancourt
- Je ne saurais prétendre qu’il en est bien ainsi.
Je demeure attristé; je crains pour vous, chère âme.
J’entends, ces jours, parler de crimes et de drames.
La marquise
- Personne ne peut rien contre la providence.
Nous sommes à sa merci pour le pire ou la chance.
Elle nous fait agir aussi selon son gré
C’est pour cette raison que je n’ai de regrets.
Certains condamnent à tort en jugeant un peu vite.
J’acquiesce à ces propos d’un sage que je cite:
Ou Nature est imparfaite en soi
Qui nous donne un penchant que condamne la Loi
Ou la Loi en elle est trop dure
Qui condamne un penchant que donne la Nature.
Venez me retrouver chez moi cette nuit même!
Briancourt
Est - ce pour mon bonheur, vraiment, que je vous aime?
