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Acte II

Scène  III 

La marquise et Bazyle 

La marquise

- Asseyez-vous, Bazyle et veuillez m’écouter!

Vous me servez, je sais, avec fidélité. 

Bazyle

- Être à votre service me comble d’allégresse,

Vous êtes, c’est certain, la meilleure maîtresse! 

La marquise

- On vous dit travailleur, fiable, intelligent,

Et vous savez aussi manipuler les gens. 

Bazyle

- Je tiens ces qualités du bon père que j’eus,

J’ai tout appris de lui..

 

La marquise

- Ne m’interrompez plus!

Je vais vous confier une tâche hasardeuse

Qui doit être accomplie mais me rend malheureuse.

Briancourt a appris les drames de ma vie.

Il peut les révéler s’il lui en prend l’envie.

Bien sûr il m’a promis de garder le silence

Mais l’on trahit parfois par sotte inadvertance.

Briancourt n’a en lui pas de méchanceté

Or je crains les effets de sa naïveté.

Je vois là un danger urgent à prévenir

Et je compte sur vous afin d’intervenir.

Je suis persuadée qu’il faut mettre au silence

Ceux dont on subirait la fatale imprudence.

 

Bazyle

- Je suis embarrassé devant cette évidence.

Je comprends que c’est grave et il faut que j’y pense.

 

La marquise

Allez, ne traînez point! Quittez cet air contrit .

Les lâches m’ont toujours inspiré du mépris.

 

-Bazyle

- Je ne crains point d’agir, j’ai peur pour vous, madame.

 

La marquise

- On me soupçonnerait?

 

Bazile

- Je tremble pour votre âme!

La marquise

- Vous n’avez certes pas à vous en tourmenter.

La providence agit sur notre volonté,

Nous ne décidons pas! La mort vous effraie-t-elle?

On la tient en horreur on la trouve cruelle

Et pourtant elle n’est pas si mauvaise qu’on croit.

Je peux vous l’affirmer en toute bonne foi. 

Ah! s’enfoncer dans le sommeil!

Devenu repos, sans pareil,

Il nous délivre des outrances

Que nous subissions sans défense. 

Figé dans un état de grâce,

Privilège d’un autre espace,

Dormir, sans tourment ni pensées,

Sans espérances insensées. 

Gloire à la Vie, quand elle est douce

Nous charme et tendrement nos pousse.

Mais si nous sommes sans secours,

Gloire à la Mort, quand elle accourt. 

Telle une mère, elle nous berce,

Lors la souffrance nous délaisse

Et nous glissons tout doucement

Dans un flot sans chuchotements 

Bazyle

- Je rends grâce, marquise, à votre savoir dire

Il est vrai que dormir ne semble pas le pire.

Les souffrances s’achèvent dés que vient le trépas.

Je vais à vos affaires, Madame, de ce pas.

 

 

 

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