Atropos (page 14)

Acte II

Scène VI

Briancourt et le marquis de Brinvilliers 

Briancourt 
- Monsieur, je me présente à vous en grand émoi.
Veuillez m’en excuser !

Le marquis - 
Et vous pleurez, je vois? 

Briancourt 
-Oui, je pleure, monsieur, je suis désespéré. 

Le marquis 
- Ne vous désolez pas! Calmez-vous! 

Briancourt
- J’essaierai! 
Déjà votre présence aimable me rassure 

Le marquis
- Briancourt, vous avez une âme restée pure 
Alors que nous vivons à une époque ignoble. 
Le vice est répandu parmi ceux qu’on dit nobles.
On assiste chez eux à des drames affreux 
Et l’on en voit bien peu qui paraissent heureux. 
On a dû vous blesser. Vous a-t-on fait du tort? 

Briancourt
Des gens que j’estimais ont comploté ma mort. 

Le marquis
- Ne m'en dites pas plus, j'ai connu ce supplice.

Briancourt
 - En ne dénonçant pas devenons-nous complices? 

Le marquis
- Pour ma part. j’ai choisi, le pardon , le silence 
Et je ne ressens plus que de l’indifférence. 

Briancourt
 - J’admire la sagesse que vous avez acquise. 
La colère,sur vous, je sais, a peu d’emprise. 
Vous comprendrez, Monsieur qu’il faut que je vous quitte. 
Ma vie est en danger lors je dois faire vite.

Le marquis.
- Adieu donc Briancourt! Sachez que l'espérance
Renaît avec le temps et annonce la chance.